Pour réduire le risque de collisions des oiseaux migrateurs contre les pales des éoliennes, les Néerlandais proposent deux solutions : arrêter ou ralentir la production, ou peindre les pales en noires.
“Soudain, j’ai vu
Passer les oies sauvages,
Elles s’en allaient
Vers le midi
La méditerranée”
Ce n’est pas en méditerranée comme le chante Michel Delpech, mais en mer du Nord que les oiseaux migrateurs ont pu tranquillement aller au bout de leur voyage : des éoliennes offshores se sont arrêtées le week-end du 13 mai pour laisser passer un vol d’oiseaux migrateurs et leur garantir un trajet sans danger.
Une mise à l’arrêt pour ne pas y laisser des plumes
Le gouvernement néerlandais se targue d’une première mondiale. Les pales des éoliennes offshores situées à proximité des communes de Borssele (à l’ouest) et d’Egmond aan Zee (au nord) ont tourné au ralenti pendant quatre heures ce samedi 13 mai, anticipant ainsi un « flux migratoire important d’oiseaux ». Cette initiative marque le début d’une mesure qui sera fréquemment appliquée au début de l’automne.
Le ministre néerlandais de l’Énergie, Rob Jetten, a félicité la réussite de cette première mondiale. “Nulle part au monde les parcs éoliens en mer ne sont arrêtés pour protéger les oiseaux lors de migrations massives »
, s’exclame-t-il dans un communiqué officiel.
Les autorités néerlandaises ont indiqué que les parcs éoliens en cours de construction ainsi que ceux prévus à l’avenir devront se conformer à cette mesure, qui sera constamment évaluée pour en assurer l’efficacité.
Des pales noires pour limiter les collisions
Faire ralentir la vitesse de rotations des éoliennes n’est pas la seule solution envisagée par les Pays-Bas.
RWE, l’énergéticien allemand, propose de noircir une pale sur sept des éoliennes au parc de Westereems dans la province néerlandaise de Groningue.
« Lorsqu’un oiseau s’approche des pales rotatives, les trois lames individuelles peuvent fusionner en une image et les oiseaux peuvent ne plus les percevoir comme un objet à éviter »,
déclare Jesper Kyed Larsen, expert en environnement chez Vattenfall, autre partenaire du programme.
Le projet d’étude néerlandaise sur l’utilisation des pales noires se poursuivra jusqu’à la fin de l’année 2024, avec la participation de divers acteurs du secteur éolien. Outre la région du Groningue et RWE à la tête du projet, d’autres acteurs publics et privés, tels que d’autres provinces néerlandaises, l’association de défense des oiseaux, Vogelbescherming, et des acteurs de l’énergie, comme Vattenfall sont également impliqués.
Vattenfall met en évidence son précédent engagement en finançant une étude au large des côtes norvégiennes au tournant des années 2010, analyser les répercussions des pales d’éoliennes noircies sur les populations d’oiseaux. Les résultats de cette étude ont conduit l’entreprise suédoise à estimer que cette mesure pourrait diminuer de 70% le nombre de volatiles impliqués dans des collisions.
Ces données doivent être prises avec précaution, et à mettre dans le contexte hollandais, en tenant compte des paysages, des conditions climatiques et des oiseaux spécifiques présents.
Par ailleurs, Vattenfall souligne que les éoliennes dotées d’une pale noire peuvent en outre être plus visibles pour les humains, suscitant ainsi des interrogations quant à l’acceptabilité de cette modification esthétique du paysage auprès des populations locales, comme il est précisé ici.
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