L’abandon de ce projet de ferme éolienne flottante, qui devait initier le développement de l’éolien en France, est révélateur des difficultés que traverse le secteur en ce moment. La crise énergétique et la hausse des coûts, conjuguées aux difficultés des fournisseurs, ont en effet conduit Shell à renoncer à cet investissement.

La “perle du Morbihan” n’a plus le vent en poupe. Le projet de ferme éolienne pilote qui devait être installé au large de Belle-Île-en-Mer et de Groix (Morbihan, Bretagne) a été abandonné par le consortium Shell, Caisse des dépôts et CGN (un groupe chinois).

Ce projet à 300 millions d’euros devait permettre de construire trois éoliennes flottantes en 2022 afin de tester les technologies et d’établir les procédures nécessaires au développement de la filière de l’éolien en France. Ce consortium avait pourtant remporté l’appel d’offres, lancé par l’État en 2016, pour faire partie des quatre fermes éoliennes pilotes qui préfiguraient l’essor de cette énergie d’avenir en France ; les trois autres sont situées en Méditerranée.

Des difficultés en chaîne

Shell a repris ce projet de ferme éolienne en 2019, lorsqu’il a racheté la société Elfi (ex-filiale de Veolia), la pionnière de l’éolien flottant en France. Cependant, il a rapidement été confronté à deux difficultés majeures : les retraits successifs de General Electric et de Naval Group (qui devait fournir les flotteurs).

En effet, plutôt que d’honorer le contrat en fournissant des éoliennes de 6 MW pour ce projet, General Electric a préféré recentrer ses activités sur l’export et sur la fourniture d’éoliennes plus puissantes afin d’outrepasser ses difficultés liées à la lenteur du développement de la filière en France.

En faisant appel à son concurrent Vestas, Shell a alors engendré de nouveaux surcoûts, avant que Naval Group ne se retire à son tour suite à l’arrêt de la production de flotteurs par le groupe, puisque la branche Naval Énergie a été vendue à la société Saipem.

Le modèle économique du projet n’était donc plus viable, surtout dans le contexte actuel de crise énergétique qui a fait augmenter les prix de l’électricité.

Une filière d’avenir pour atteindre les objectifs de transition écologique

Malgré des débuts balbutiants en France et des difficultés conjoncturelles, l’éolien flottant est une filière d’avenir dans le monde des énergies renouvelables. Il existe déjà quatre fermes installées dans le monde, au large de la Norvège, de l’Écosse et du Portugal.

Si la France se veut pionnière mondiale en la matière, c’est aussi parce qu’une partie de ses côtes, méditerranéenne et atlantique, ne sont pas propices à l’installation d’éoliennes posées. Ainsi, le gouvernement a déjà lancé deux appels d’offres pour construire des parcs éoliens flottants en mer, dont les gagnants seront révélés au deuxième semestre 2023.

Interrogés par Les Échos, les experts du secteur restent cependant prudents sur les perspectives d’investissements, puisque ce sont des projets de long terme : il faut compter 5 à 10 ans de construction, puis 25 ans d’exploitation. Il faut donc bien anticiper les coûts, ce qui est d’autant plus difficile en pleine crise énergétique.

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