Alors qu’EDF est en pleine tourmente économique et sociale, Luc Rémont doit prendre les rênes du groupe aujourd’hui. Dans le même temps, l’AMF a rendu un avis favorable au retour d’EDF à 100 % dans le giron public, tandis que sa dette ne cesse de se creuser.

Il est attendu au tournant. Luc Rémont, nouveau PDG d’EDF, est officiellement désigné en Conseil des ministres aujourd’hui. Il succède ainsi à Jean-Bernard Lévy, à la tête du groupe énergétique depuis 2014. En guise de passation de pouvoir, les deux hommes ont effectué ensemble ce mardi une visite du service “Optimisation Amont/Aval Trading” d’EDF à Saint-Denis.

Dès sa prise de fonctions, la priorité de Luc Rémont est de “tenir les engagements pour reprendre la production d’électricité, dans le calendrier annoncé, pour les réacteurs à l’arrêt”, a-t-il déclaré à un moment où la production d’EDF n’a jamais été aussi basse. Mais il va aussi devoir s’aventurer sur le terrain social et résoudre le problème de la dette colossale du groupe.

Des chantiers prioritaires en interne

Dans les prochaines semaines, le nouveau PDG d’EDF devra aussi se concentrer sur la gestion interne d’EDF. Il a déjà indiqué qu’il se rendrait sur le site du réacteur nucléaire de Flamanville dès jeudi pour adresser un message à 200 cadres du groupe.

Luc Rémont devrait continuer les visites sur le terrain durant les prochaines semaines afin de maintenir le contact avec les salariés. Un engagement qui fait quasiment office d’obligation, puisque le climat social du groupe est explosif. Les syndicats sont vent debout contre les projets du gouvernement pour EDF : réforme des retraites, ou encore acquisition de la totalité du capital par l’État, dont ils craignent qu’elle engendre une scission des activités du groupe.

Avec son offre publique d’achat (OPA) déposée le 4 octobre dernier, et déclarée conforme par l’AMF (Autorité des marchés financiers), l’État-actionnaire espère ainsi obtenir au moins 90 % du capital d’EDF. Cela lui permettrait d’entamer une procédure de retrait obligatoire de la Bourse, qui pourrait faciliter une potentielle restructuration et la mise en place des structures de financement des nouveaux réacteurs nucléaires, en évitant les recours juridiques.

Mais, cette offre d’achat ne satisfait pas tout le monde. Les actionnaires minoritaires actuels réclament un prix plus élevé pour l’action EDF, fixée à 12€. L’AMF a expliqué que ce n’est pas de son ressort : sa décision porte uniquement sur la cohérence de l’offre. La demande des petits actionnaires pourrait alors faire l’objet d’un recours devant la Cour d’appel de Paris.

Pourtant, cette opération qui signerait le retour d’EDF à 100 % dans le giron public semble indispensable pour pallier les difficultés financières du groupe.

Le fardeau de la dette

La dette d’EDF devrait s’alourdir de plus de 20 milliards d’euros en 2022 pour monter à 60 milliards d’euros au total. Il faut dire que la fin d’année 2022 concentre les difficultés financières pour le groupe : plafonnement des prix de l’électricité, hausse de la masse salariale suite à une revalorisation des salaires…

Or, l’État a déjà mis les bouchées doubles pour combler le déficit d’EDF : une augmentation de capital de 2,3 milliards d’euros en début d’année, ou encore l’acquisition prévue de titres obligataires Oceanes, à hauteur de 2,4 milliards d’euros. Il va donc mettre 8 milliards supplémentaires sur la table pour acquérir les 16 % restants du capital. Le gouvernement se veut rassurant sur cette opération : hors de question de “vendre EDF par étages”, selon les mots de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie.

D’après Les Échos, plusieurs solutions de long terme sont aussi envisagées pour faire baisser la facture d’EDF : pour éviter d’attiser un climat social déjà houleux, elles devraient être détaillées à la fin de l’hiver par le nouveau PDG d’EDF. Qui ne va pas chômer d’ici là.

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