L’État français doit débourser un demi-milliard d’euros pour ne pas avoir atteint ses objectifs européens, en 2020, concernant les énergies renouvelables. Sur les Vingt-Sept de l’UE, il est le seul à avoir failli.

La note est salée. L’État français doit débourser un demi-milliard d’euros pour ne pas avoir atteint ses objectifs européens, en 2020, concernant les énergies renouvelables (solaire, éolien, biogaz, hydraulique et géothermie). Le montant astronomique de la facture a été annoncé par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher : « La France, ça lui coûte 500 millions d’euros cette année de ne pas avoir fait son développement des énergies renouvelables. ».

Le pays s’était engagé, au niveau européen, à avoir dans son mix énergétique, en 2020, 23% d’énergies renouvelables. Or, le compte n’est pas bon : il n’y en a que 19%. La France est le seul pays des Vingt-Sept de l’Union européenne à ne pas avoir rempli ses objectifs. Tous les ont atteints, et dans la majorité des cas, les ont dépassés. La Commission européenne a communiqué ces chiffres, début 2022, aux États-membres.

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« 40 térawattheures »

Si la France doit payer aujourd’hui, c’est parce qu’en 2009, l’UE avait fixé l’objectif d’atteindre 20% d’énergies renouvelables au niveau global. Le but affiché : réduire la part des énergies fossiles et, ainsi, lutter contre le réchauffement climatique.

Chaque pays a alors défini ses propres objectifs afin de participer à l’effort commun. La France a proposé 23% alors qu’à cette époque, la part d’énergies renouvelables était d’environ 10%. Le pays a tout de même progressé de 9 points, mais c’est insuffisant. Il manque 4 points de pourcentage. Dans un tel cas, les textes européens stipulent que le pays qui ne remplit pas ses engagements peut acheter le surplus d’énergies renouvelables à d’autres États-membres qui, eux, ont dépassé leurs objectifs.

C’est pourquoi la France doit sortir, de ses caisses, 500 millions d’euros afin d’acheter l’équivalent de « 40 térawattheures » , selon le cabinet d’Agnès Pannier Runacher, cité par Libération. Concernant le montant à payer, ce dernier estime qu’il est « un peu tôt pour confirmer un chiffre » , les tractations ne sont pas terminées, et préfère évoquer le coût de « quelques centaines de millions d’euros. »

Plus de 30 milliards

« Quoi qu’il en coûte » , selon l’expression du président Macron, il faudra payer. Et, même si un demi-milliard d’euros, c’est beaucoup, la ministre de la Transition énergétique a tenu à rappeler, qu’en 2022 et 2023, la filière des énergies renouvelables va rapporter plus de 30 milliards à l’État français, soit l’enveloppe investie ces deux dernières années.

Les deux pays avec lesquels Paris est en discussion sont la Suède et l’Italie. Stockholm avait annoncé 49% d’énergies renouvelables (l’objectif le plus ambitieux des Vingt-Sept), il a atteint 60,1%. Quant à Rome, au lieu des 17% prévus, ce sera finalement 20,4%. La fin des négociations ne devrait pas tarder, mais les deux pays ont basculé à l’extrême droite récemment, lors des dernières élections, ce qui a ralenti le processus. Le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher précise : « On est d’accord sur les détails, maintenant il faut qu’on signe quelque chose. »

« Les erreurs du passé »

Du côté français, les négociations doivent aboutir. Sinon, la Commission européenne sanctionnera. Une action en manquement pourrait être déclenchée, suivie d’une amende. On n’en est pas encore là, selon le cabinet de la ministre Mais, ajoute-t-il : « La Commission nous a exprimé une certaine impatience puisque la négociation dure depuis plusieurs mois et avait débuté sous le quinquennat précédent. On endosse le fait que la France, sur la décennie passée, n’a pas pu faire tout ce qu’elle avait prévu de faire. La Commission comprend nos contraintes, mais elle est en train de devenir assez insistante. Donc, il faut qu’on y arrive. Montrer qu’on fait tout ce qu’on peut pour la décennie en cours lui permet aussi à être plus compréhensive sur les erreurs du passé. »

Des erreurs qu’il ne faudra pas renouveler si Paris ne veut pas encore mettre la main à la poche en 2030. À cette date, la France devra avoir atteint ses nouvelles prévisions. Pour l’heure, elles ne sont pas encore connues. Mais l’UE souhaite fixer 40%, comme objectif commun, d’ici 2030. Le pays doit donc redoubler d’efforts dès aujourd’hui. Quoi qu’il en coûte.

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